Un luthier atypique :
Graft Art à Mansac
Dans le petit village de Mansac, Arnaud Grafteaux (Graft Art) répare et fabrique des guitares. Travaillant pour des particuliers et des professionnels de la musique, le corrézien a un parcours atypique. Une expérience riche qui lui sert aujourd’hui dans la lutherie, domaine qui l’a toujours passionné.
Arnaud Grafteaux est un luthier au parcours original. Dans son petit atelier à Mansac, il fabrique et répare des guitares nuit et jour. À son compte depuis presque deux ans, il est autodidacte. « J’ai un parcours assez bizarre. Je suis parti de l’école à quinze ans. Ce n’était pas trop pour moi. J’ai travaillé dans la coutellerie. J’ai extrait et taillé des ardoises sur le Mont Saint-Michel. J’ai travaillé avec des archéologues… » Et si le luthier corrézien a été amené à faire tous ces métiers différents, c’est grâce à la rencontre de passionnés qui lui ont fait aimer leurs métiers respectifs. Arnaud est d’ailleurs lui-même un passionné.
La lutherie, sa passion
« Tout m’a toujours ramené vers la guitare. Que je fasse un métier très compliqué ou très physique, le soir, je rentrais, je jouais de la musique et j’allais faire des concerts. » Dès le plus jeune âge, sa passion pour la musique « à la base pour faire du bruit » l’amène à créer ses propres instruments : « La lutherie m’a toujours passionné. J’ai toujours essayé de faire des instruments quand j’étais gamin. Entre 18 et 20 ans, j’avais essayé de fabriquer des instruments, déjà, à l’époque. »
Depuis février 2022, le luthier au look de rockeur a fait de sa passion, un métier, sous le nom de Graft Art. Cependant, il n’a pas oublié son parcours hétéroclite, qui l’aide encore dans la lutherie.
« La lutherie, c’est autant de la menuiserie que de l’ébénisterie, de la carrosserie. On pratique 50 métiers en même temps », précise Arnaud Grafteaux. En effet, les réparations sont diverses : changement de frètes, recollage, changement de parties abîmées, le luthier doit maîtriser plusieurs domaines. D’autant plus que les réparations demandent du temps. « Je consacre environ 90 % de mon temps sur les réparations et 10 % sur la fabrication. J’aimerais bien que ça s’inverse mais ce n’est pas encore le cas », détaille le passionné.
Des guitares 100 % corréziennes
Les réparations demandent du temps. Cependant, elles restent accessibles, même en produisant local. Un des objectifs d’Arnaud Grafteaux : « Il faut savoir qu’une guitare ça pollue à mort. » En effet, le bilan carbone de l’instrument à cordes est assez important. L’ébène nécessaire à sa fabrication provient souvent de Madagascar alors que les autres bois sont issus de Scandinavie. Ensuite assemblé en Chine, l’instrument est vendu en Europe. « C’est pour limiter cet impact que je ne fabrique que des instruments en bois local », précise le luthier engagé dans le Made in Corrèze.
La qualité des instruments n’est pas altérée par ce choix. Arnaud Grafteaux affirme que « ça ne coûte pas plus cher et ce sont des bois de très bonne qualité. » La Corrèze a la chance d’avoir sur son territoire des bois très denses comme du chêne, du noyer, du pommier ou du prunier. L’autodidacte poursuit : « Ils ne sont pas forcément plus lourds que les autres, et ont une très bonne tenue dans le temps. Le chêne a une touche plutôt sympa et tous ceux à qui j’ai fait essayer aiment tous le côté rustique. »
Arnaud est clair : « Mon objectif futur, c’est vraiment de faire de la guitare 100 % corrézienne. »
En France, il existe environ 1 200 luthiers, alors que seulement 2 % des instruments utilisés dans notre pays sont de fabrication française.
© Corrèze Télévision – Janvier 2024
Un reportage de Thomas Saladin